mardi 29 mai 2018

Philip Roth

Philip Roth photographié en 1968 par Bob Peterson. J'aime beaucoup cette photo, on sent dans les yeux de l'écrivain une drôlerie.

Philip Roth  est décédé, il fait partie de mes auteurs favoris.  Cet immense écrivain a su avec tellement de brio dénuder la psyché américaine. Né en 1933 dans une famille juive de la classe moyenne, à Newark dans le New Jersey (qui sera le décor de plusieurs de ses romans),  il a construit une oeuvre brillante, férocement drôle, satirique et sans concessions. Son style est impeccable, très précis, on sent chez lui comme l'envie permanente d'en découdre.

Déjà à ses débuts à la fin des années 50, avant de s'installer à New York, alors qu'il rédigeait des critiques de cinéma pour le magazine The New Republic, payé 25$ l'article, on peut dire qu'il ne laissait pas sa plume dans sa poche. Son mordant et sa vision d'écrivain y étaient déjà à l'oeuvre. 
Le 14 octobre 1957, à propos du film Ariane, de Billy Wilder avec Audrey Hepburn il avait écrit : « Mademoiselle Hepburn met dans ce rôle son habituelle délicatesse ; elle est, certes, une élégante jeune femme, mais il y a quelque chose d'un peu fatigant à regarder un lutin délicat qui sait qu'il est un lutin délicat. » Ou encore Le 17 février 1958 à propos du remake de L'Adieu aux armes, de Charles Vidor, avec Rock Hudson et Jennifer Jones : « L'ennui, avec cette nouvelle version de L'Adieu aux armes, produite par Selznick, est qu'elle demande au spectateur de se souvenir du roman d'Hemingway... sinon, ne reste qu'un film sans énergie, stupide, voire gênant. » 
 
Philip Roth avait décidé d'arrêter d'écrire en 2012.  Maintenant qu'il n'est plus, dans une Amérique qui a largement dépassé la fiction, il va beaucoup nous manquer.





lundi 21 mai 2018

Avec Zadkine, Souvenirs de notre vie


Ossip Zadkine, sculpteur d'origine russe,  fut une des figures du mouvement artistique nommé L'école de Paris.
 

Ce livre "Avec Zadkine, Souvenirs de notre vie" est particulièrement charmant. Mêlant texte et dessins, il a été écrit par Valentine Prax sa femme, elle-même artiste-peintre. Il parle de leur histoire, d'art, d'amour et d'une époque qui ressuscite Modigliani, Max Jacob, Henry Miller et tant d'autres. A travers son regard et son soutien sans failles, nous découvrons un artiste complexe, souvent difficile,  qui vécut son art avec un immense esprit de résilience.

Je l'avais trouvé au Musée Zadkine qui est la maison et l'atelier où l'artiste vécut et travailla à partir de 1928. Cette maison cachée a également un très joli jardin. Située au au100 bis rue d'Assas dans le 6e à Paris, elle est une bulle de calme, de lumière, de verdure et de beauté. 

J'avais commencé à lire ce livre au jardin du Luxembourg qui, malgré la lumière grise de ce jour là, était quand même sublime.


Valentine Prax,  Avec Zadkine, Souvenirs de notre vie. 
Paru en Mai 2001.

mardi 8 mai 2018

On s'embrasse pas ?



Après quinze années d'errance à travers le monde, Bernard, tête à claques quadragénaire, acerbe et désabusé, revient s'échouer dans un village près d'Angoulême dans ce qu'il lui reste de famille.


Quinze ans sans presque jamais donner de nouvelles à ses proches, sa dernière carte postale remonte à une dizaine d'années... Et puis soudain, après avoir tant bourlinguer, l'usure et un "impérieux besoin de revenir" chez lui.

Ce retour surprise, douloureux pour la mère, dérangeant pour la soeur, va bouleverser le train-train bien réglé d'une vie qui s'est construite sans lui. Dans leur quotidien assez austère, la nouveauté que constitue ce retour et la personnalité pleine de mauvaise foi de Bernard vont entraîner différents évènements  tragi-comiques.

Bourré d'humour et très caustique, il s'agit du second roman de cet auteur qui écrit également de la poésie, des chansons et des romans jeunesse. Drôle et plaisant, il se lit d'une traite, le style est très vivant et les personnages bien construits. 
Michel Monnereau interroge ici avec lucidité les notions de famille, d'appartenance, de révolte et de choix de vie. Court, bien mené, il aurait néanmoins mérité je crois plus d'approfondissement sur certains aspects pour lui donner une plus forte densité.

A lire dans son lit les jours de grande révolte intérieure. 


Michel Monnereau, On s'embrasse pas. ed. La table ronde. Ou chez J'ai Lu pour le format  livre de poche. (Paru en 2007)